©Kiriko Nananan

dimanche 24 janvier 2010

petit calcul

te regarder me fait -
- "Un joli vase, à quoi ça sert ?" –

Llywarch Hen intercalaire
claque renâcle fracasse
frictionné choque en bloc
engloutissant des gouffres
refoulant des refuges

te regarder me fait -
mal

euphraise casse-lunette
m’a cassé mes jouets
lèvres humides stupides
pulpe pilée des vertiges
tombe une bruinasse immonde
et quand tu m’as bien finie -

te regarder me fait -

et quand tu as finalement répondu c’était pour verser du goudron sur mes rêves de fille, du goudron et le miel des choses trop absentes et je n’ai pas su qu’en faire.



à M.R.

mercredi 20 janvier 2010

encre-sang

dis-moi dans la nuit longue
fais-moi par tes lents mots
fais-moi la blessure blonde
rondes lames d’argent
à nos nervures vibrionnantes
éclat émerillon
- œil acéré
éclairs zébrés
- aiguillonnés
aux heures tranchantes ensauvagées

ensanglantées

samedi 16 janvier 2010

Les amants du verger




A l’inconnu
chevalier de pierre
dans son tombeau aux mousses de rosée
caressé crosses de fougères effrontées
pour tout toit les étoiles
et les yeux des siècles effeuillés

Aux pluies sans mémoire
aux vents perlés parcourant la pierre
naissance sur son corps du murmure de la pierre
de musique effleuré
promesses de soleil

Dans l’amoureuse à ses côtés :
abeilles bourdonnant chaudement
pommes lourdes
figues du marin verger
fugues frissonnantes au cloître des rosiers
un printemps et
leurs rêves éternels entrelacés


à John Keats et Fanny Brawne




Il existe un lieu magique non loin de Paimpol : l'abbaye de Beauport. Dans un recoin envahi de verdure, on y rencontre ce poétique et mystérieux gisant. Depuis la première fois, je ne cesse de me demander qui pouvaient bien être ce chevalier et sa dame... Je les imagine heureux... Ce poème est pour John Keats, brûlante étoile filante "whose name was writ in water", et Fanny Brawne, sa bien-aimée "bright star".

mercredi 13 janvier 2010

Wystan Hugh Auden (1907-1973) - Funeral Blues

Je n'avais pas encore eu l'occasion de poster de poèmes de WH Auden, un poète que j'apprécie énormément - d'autres suivront. Je dirai juste que c'est un de ces textes qui ont un peu changé ma vie ;-)

***

Stop all the clocks, cut off the telephone,
Prevent the dog from barking with a juicy bone,
Silence the pianos and with muffled drum
Bring out the coffin, let the mourners come.

Let aeroplanes circle moaning overhead
Scribbling on the sky the message He Is Dead.
Put crepe bows round the white necks of public doves,
Let the traffic policemen wear black cotton gloves.

He was my North, my South, my East and West,
My working week and my Sunday rest,
My noon, my midnight, my talk, my song;
I thought that love would last forever: I was wrong.

The stars are not wanted now: put out every one;
Pack up the moon and dismantle the sun;
Pour away the ocean and sweep up the wood;
For nothing now can ever come to any good.

mercredi 6 janvier 2010

moelle




poème peau d’écaille
décale et raille
nos cœurs sales

déraille
et râle

dépouille la moelle
pouilleuse faille


Photographie : "Léon" de Catherine Dressayre
Dédicacée.... au Pays
http://www.focale-photo.com

équations




amère
a-mère
sans mère
sang mère
cent mères
cent mondes
sans moi

dimanche 3 janvier 2010

erreurs - dernier étage

ma petite chambre orange
au dernier étage de ma vie
notre ancienne cabane

l’automne amer
a parsemé ses doutes
entre deux faux étrangers
nés pour s’enténébrer
trop aimantés pour ne pas s’aimer

se cacher pour se retrouver
dans cet autre d’acier